Il s’agit à l’origine d’un exercice que j’ai créé pour travailler sur les statuts (majeur/mineur) mais il s’avère également très efficace pour travailler l’écoute et la complicité. Je l’utilise aussi bien en clown qu’en impro et théâtre.
Principe : Deux personnes (A et B) se placent face à face pour un duel (de Cowboys). A commence à jouer en majeur et B en mineur. Au milieu de l’exercice je tape sur mon tambourin pour que A et B inversent les rôles (B en majeur, A en mineur). Enfin j’annonce les 5 dernières secondes : jeu libre, les « cowboys » ont enfin le droit de tirer !
La personne qui joue en majeur doit :
Diriger les déplacements. Noter que les déplacements d’avant en arrière sont plus efficaces sur le plan dramatique que les déplacements latéraux.
Diriger le dialogue en parlant avec une voix de « majeur » (volume, énergie, jeu, provocations). Note : rappeler qu’il doit s’agit d’une voix de Cowboy !
La personne qui joue en mineur doit :
Veiller à maintenir une distance fixe entre elle et son partenaire (distance équivalente à un balai placé entre les deux comédiens). Remarque : le balai « imaginaire » ne doit pas tomber, ce qui oblige les comédiens à jouer face à face tout le temps.
Participer, si besoin, au dialogue en gardant une voix de « mineur » (volume inférieur, pas de provocations).
Quelques variantes possibles :
Duel à l’épée (version normale ou version muette)
Match de tennis (le comédien en majeur prépare son service)
Varier la distance entre les comédiens (plus proches ou plus éloignés que la distance « balai »).
Cet exercice de clown est une variante d’un exercice de Philippe Gaulier. Je l’utilise très souvent en début d’année / en début de stage comme premier exercice avec le nez rouge de clown.
Principe : Le clown essaie de faire sursauter le public en disant « Bouh ».
Cet exercice est à la fois très simple sur le principe, et très riche en enseignements. Il permet aussi bien de déceler les pistes de travail qui vont pouvoir s’appliquer à chaque acteur-clown que d’illustrer un grand nombre de notions essentielles du jeu clownesque (entrée, sortie, placement, regard, engagement, contexte, flop, etc.).
J’ai pris l’habitude de décomposer cet exercice en plusieurs séquences :
L’entrée : le clown entre sur scène et vient se placer face au public.
L’avant-bouh : il convient de rappeler que le public est au courant que le clown va dire « bouh », il ignore juste quand ! Cette phase d’avant-bouh est cruciale et trop souvent bâclée. Rappeler que l’art du clown c’est aussi l’art de se jouer du contexte.
Le bouh : la mission du clown est de s’y engager à 150% avec pour réelle intention de nous faire sursauter.
L’après-bouh : le clown doit rester connecté au public, constater ce qui c’est passé (succès ou flop ?) et laisser vivre en retour.
Le salut (optionnel) : je demande au clown de se faire applaudir avant de sortir de scène. Cela ajoute un point fixe et cela permet de finir sur des applaudissements (quoi qu’il se soit passé avant) ce qui est important lorsqu’il s’agit du premier passage solo de l’acteur clown.
La sortie : pour terminer l’exercice, le clown doit sortir de scène. Rappeler que le spectacle continu tant que le clown est visible !
Et voilà… J’ajoute que je sursaute facilement, ça aide ! Bouh !
Cet exercice de théâtre est un classique ! Je ne saurai plus dire qui me l’a fait découvrir ni combien de fois je l’ai refait ensuite.
Dans mes ateliers je l’utilise généralement soit en début de séance (échauffement + complicité) soit en introduction à des séances de travail sur les statuts de jeu.
Principe : deux personnes (A et B) se placent face à face et, comme s’il y avait un miroir invisible entre elles, l’une joue le reflet de l’autre.
Quelques variantes que j’utilise :
Leader déclaré (A ou B) puis on inverse.
Pas de leader déclaré, A et B sont simultanément leader et suiveur.
Varier les distances
Ajouter des sons.
Le jouer comme une scène réaliste (ex: je me prépare pour aller à un rendez-vous important, je me démaquille après une soirée ratée, etc.)
Au ralenti
En marche arrière (rembobinage)
Règle importante : quelle que soit la variante de l’exercice, insister sur le fait qu’il s’agit d’un DUO. Cela implique que les deux personnes sont responsables du respect de « l’effet miroir ».
Le clown existe quand on dépasse les regards qui nous jugent, quand on ose ouvrir toutes les fenêtres de notre imagination, de notre créativité, quand nous n’avons pas peur de rater, de provoquer, de glisser, de chuter; bref, quand on peut se permettre de secouer les codes qui nous serrent parfois et nous étouffent.
Etre clown, c’est simplement, une aventure unique et humaine… René Palacios
S’engager ne veut pas forcément dire faire un spectacle politique. Quand Romeo Castellucci choque et provoque par ses images et la force de son imaginaire, il oblige à penser autrement. Il fait pour moi un théâtre engagé. D’ailleurs, je n’emploie guère ce mot […] c’est un mot sartrien qui évoque une sorte d’engagement bourgeois vieillot. Jean-Pierre Vincent, Interview Télérama
Je n’ai jamais prétendu à la subtilité. Un diable qui sort d’une boîte n’en a pas. Il surprend d’abord – puis tout de suite fait naître une explosion de rire.
On fait rire sans préparation préalable, sans truquage, du premier coup. Et maintenir ce rire, sans défaillances, jusqu’à la sortie de la piste – c’est cela que j’ai voulu, et je crois y être parvenu. Nous les Fratellini / Albert Fratellini
Le clown érige l’imbécillité au rang d’art. Il vous invite à faire ce que vous voulez, comme vous le voulez, à la seule condition que ça plaise au public. Le plaisir du public est le seul facteur de contrôle du jeu clownesque, toute la discipline du clown de théâtre est d’être à l’écoute et de réagir à ce facteur. Why is that so funny? / John Wright
En ce qui concerne les émotions: le clown travaille simultanément à deux niveaux. D’un côté il doit être désinhibé, ne pas avoir peur de ressentir des émotions et de les montrer. D’un autre côté il doit savoir garder de la distance avec ses émotions afin d’être conscient de leur côté ridicule. Ainsi il pourra jouer avec elles au lieu d’être gouverné par elles. Clown / Jon Davison
Qu’est ce qu’un clown? La grande question… Cela fait plus de 30 ans que j’évite d’y répondre, parce que pour moi un clown est indéfinissable. L’art clownesque est d’une telle variété, il n’y a pas de limites, et c’est ce qui est merveilleux dans le clown. Ceci dit, un jour un élève m’a posé la question suivante: si vous deviez définir le clown, ça serait quoi? J’ai rigolé – il m’avait piégé – alors j’ai dit:
Un clown est quelqu’un qui fait ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut, aussi longtemps qu’il veut. What He Wants (http://vimeo.com/83576207) / Ira Seidenstein
Son propre clown. Qu’est-ce que ça veut dire?
Cette petite formule écrite dans le livre de Jacques Lecoq interroge et fait débat. L’auteur répond – Le clown n’existe pas en dehors de l’acteur qui le joue. C’est donc d’abord un acteur et ce postulat est primordial. […] Le Clown ne naît pas ex nihilo d’un tréfonds de la personnalité. Hypothèse fort séduisante qui fait flores. Il y a un travail d’acteur et d’auteur à mener pour parvenir au clown. […] Cette évidence est bonne à rappeler en ces temps confus où le goût pour l’épanouissement personnel perturbe le sens de l’éthique artistique. Secrets de clown / Paul-André Sagel
Ecole de théâtre à Nantes : ateliers hebdomadaires et stages de théâtre, clown, impro. Venez jouer !